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Rien
Quand la mort te prend
Comme ça
Quand elle t'accroche avec des mots d'amour
À un croc de boucher
Quand tu ne tapes plus sur les bonnes touches
Et que la mélodie s'enraye dans ta gorge
À te rendre muet
Quand tu deviens encore plus seul
Toi le loup
De sa tendre ironie
Quand le gel s'insinue dans ton cri
Regarde
Ce grand creux dans le lit de ton ventre
Quand tu guettes aux fenêtres
Désormais vides
Quand tu vieillis de dix ans
En deux mots : Oui et Non
Quand, même ta dignité
Tu la donnerais
Alors…
Alors rien.
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Commentaires
Un cri déchirant et désespéré lorsque l'on tombe brusquement dans le ravin après ces deux mots : oui et non ; des mots qui font "vieillir de dix ans".
La structure est parfaite avec des vers qui deviennent de plus en plus courts puisque "la mélodie s'enraye dans la gorge à te rendre muet" quand le destin ultime et inévitable est atteint :
Quand, même ta dignité
Tu la donnerais
Alors…
Alors rien.
Je trouve que cette strophe finale décrit magistralement la douleur qui accompagne cette offrande de son dernier bien précieux, sa dignité, se rendant compte que maintenant, cela aussi, est réduit à rien.
Puissant, émouvant et bouleversant.
Je te remercie beaucoup pour ce don délicat.